Francois Breant, Pascal Arroyo, Albert Marcoeur et Patrick Tison
1970-1971
Dépité
par le split de Cruciférius, avec deux complices rouennais et un dijonnais,
nous partons vivre en communauté en Normandie.
Une retraite/répétition
permanente fondée sur le projet de s’expatrier aux USA loin du show biz et du
public français qui, de Stone et Charden à Richard Anthony, atteignait alors
des sommets de ringardise.
De Frank Zappa, nous admirions le génial mélange d’humour potache, de créativité
débridée et d’excellence musicale absolue. Pourtant, Si Zappa était né Français
personne n’aurait probablement jamais entendu parlé de lui.
Kapak fut pour nous un labo permanent d’où sont sortis les identités de chaque musicien du groupe. Nous mélangions sans vergogne tous les styles de musique que nous admirions depuis toujours. Jazz, free ou non, prog rock, funk, soul, les impertinences de Captain Beefheart ou de Doctor John tendance vaudou, tout était bon à passer à la moulinette de Kapak. Le résultat était d’un intérêt variable mais cette période d’expérimentation m’a été salutaire. L’éclectisme est parfois encombrant pour les créateurs. Trop de chemins possibles à prendre peuvent vous stopper dans un état d’hésitation chronique.
« KAPAK »
aussi nommé au gré des concerts « ACTION ROCK AND ROLL COMBO » ou
« ATTILAH »
Kapak sur scène
Les Membres de Kapak
Francois
Breant : claviers, vibraphone, chant
Patrice
Tison : guitare, chant
Patrice
était un grand esthète de la guitare électrique. Il avait un contrôle étonnant
de ses guitares, de ses amplis et pédales pour produire des sons qui
s’intégraient à tout mixage. Il était méticuleux à l’extrême. Toutes qualités
réunies pour que l’industrie du disque le repère. Le son de sa guitare à marqué
la production française durant trois décennies.
Pascal
Arroyo : basse, chant
Mon
plus ancien complice depuis Rouen. D’abord pianiste, il étudia la basse à
l’occasion du projet Kapak. Ami et fan de Bernard Paganotti, il échangea son
improbable basse « Impérador » contre une rarissime basse Gretsch à
la Paga. Pascal aime le ski, les omelettes, parler castillan.
Albert
Marcoeur : batterie, saxophones, chant
Un
des créateurs français les plus singuliers. Nous ne trouvions pas de batteur
pour monter ce groupe. Albert que nous connaissions comme
clarinettiste/saxophoniste déclara : « pas grave, je ferai le
batteur ». Il acheta une batterie et sut instantanément en jouer !
les surdoués m’agacent.
2
ans de vie communautaire ascétique à la campagne. Une cure intensive de pommes
de terre et de soupe à l’oseille. Recherches esthétiques en tous genres. Par
exemple, le look « débâcle de 1940 »:
Nous
survivions en jouant dans les orchestres de bal du coin et un jour, Jacques
Denjean, arrangeur de renom ouvrit « Frémontel »
Jacques Denjean
Un
studio d’enregistrement dans une ancienne ferme. Les clients de passage avaient
souvent besoin de musiciens résidents et nous y fîmes nos premières armes de
« requins ». On y enregistra aussi un album de Kapak, inédit à ce
jour, qui devait servir de maquettes pour trouver un contrat aux USA.
Nous
avions la conviction d’être nés dans le mauvais pays, avec la mauvaise couleur
de peau et que rien de grand ne pouvait arriver dans ce pays en « noir et
blanc ».
Au
moment de partir, usé par la rigueur de cette vie campagnarde, Patrice Tison renonça à nous suivre aux USA pour entamer une brillantissime carrière de
musicien de studio.
De
même, Albert Marcœur, qui avait un projet musical personnel, décida de rester.
Déçus
et affaiblis mais toujours motivés, nous tentâmes à deux l’aventure américaine.